le résumé

La découverte de la lamivudine en 1989 a eu l’effet d’une révolution dans le domaine du VIH/sida. C’est, selon certains, l’une des plus grandes découvertes biopharmaceutiques de tous les temps. Alors qu’auparavant leur espérance de vie dépassait rarement les dix ans, les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) peuvent désormais vivre longtemps et normalement. Et cela, notamment grâce à deux chercheurs québécois, Bernard Belleau (sur la photo) et Mark Wainberg, qui ont respectivement découvert cette molécule, puis démontré son efficacité exceptionnelle.

les détails

Le Dr Bernard Belleau était à la fois un scientifique et un pragmatique. Chercheur à l’Institut Armand-Frappier, il s’est très tôt intéressé aux patients atteints du SIDA avec un but précis : développer une molécule qui soit supérieure à l’AZT, le premier médicament approuvé dans la lutte contre le SIDA. Ce dernier causait beaucoup d’effets indésirables en plus de se heurter à la résistance du virus, phénomène le rendant inefficace chez bon nombre de patients.

Ce grand chercheur n’a toutefois pas eu la chance d’apprécier l’ampleur des bienfaits de sa découverte, puisqu’il est décédé en septembre 1989. C’est grâce à l’acharnement d’un autre éminent chercheur du Québec, le Dr Mark Wainberg, que la lamivudine a finalement été approuvée, en 1995. Celui-ci a poursuivi les recherches jusqu’à être en mesure de démontrer les propriétés antivirales de la lamivudine, lesquelles en font aujourd’hui le médicament contre le VIH le plus prescrit au monde.

Comprendre l’action de la lamivudine

La lamivudine (commercialisée sous les marques 3TC et Heptovir au Canada) fait partie de la famille des inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse. Ces molécules agissent en bloquant l’activité de la transcriptase inverse, une enzyme essentielle à la réplication du virus. 

Lamivudine (3TC), une découverte québécoise

Structure de la lamivudine

Mais la lamivudine ne travaille pas seule…

Afin de constituer un traitement efficace contre le VIH, la lamivudine doit être combinée à d’autres antirétroviraux présentant un mécanisme d’action différent. Ensemble, ils parviennent à réduire la quantité de virus qui se trouve dans le sang (charge virale) et à faire augmenter le décompte des lymphocytes CD4. Ces dernières sont des cellules qui orchestrent la réponse immunitaire et auxquelles s’attaque le VIH. Un très faible décompte de CD4 rend le patient séropositif vulnérable aux infections dites «opportunistes» puisque son système immunitaire n’est pas en mesure de les combattre. On parle alors de phase SIDA. À l’inverse, un traitement antirétroviral efficace protège le patient en favorisant un décompte de CD4 plus élevé, et donc une meilleure réponse immunitaire.

Grâce aux antirétroviraux, dont le 3TC, l’infection par le VIH peut aujourd’hui être considérée comme une maladie chronique et les PVVIH peuvent jouir d’une qualité de vie semblable à l’ensemble de la population. De plus, une charge virale indétectable réduit considérablement le risque de transmission ; ces traitements ont donc contribué grandement au ralentissement de l’épidémie.

le clin d’œil du pharmacien

On estime que la découverte de la lamivudine (3TC) a sauvé plus de deux millions de vies, à l’échelle de la planète. Le dynamisme des chercheurs québécois est reconnu mondialement, depuis longtemps. De quoi être fiers, très fiers.

liens utiles

Dr Bernard Belleau
Wikipedia

Dr Mark Wainberg
Wikipedia

3TC (lamivudine, Epivir)
Catie

10 chiffres pour comprendre l’épidémie mondiale de Sida
Sciences et Avenir

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