le résumé

L’allègement thérapeutique est le sujet de l’heure, tant au sein de la communauté des chercheurs scientifiques que des personnes vivant avec le VIH.

Les effets désirables des traitements antirétroviraux (ARV) dépassent bien sûr substantiellement leurs possibles effets indésirables ; ils sauvent la vie des personnes séropositives et leur permettent de vivre normalement.

Néanmoins, toute médication peut entraîner certains effets secondaires, plus ou moins prononcés selon les personnes, notamment lorsqu’elle est administrée à long terme. La recherche poursuit sans relâche ses travaux pour tenter de réduire la charge moléculaire des ARV sans en diminuer l’efficacité. Plusieurs stratégies sont actuellement évaluées.

les détails

Le traitement du VIH a connu une évolution spectaculaire. Après des années de lutte sans traitement efficace contre le VIH ou le sida, les premiers ARV apparus au cours des années 90 ont sauvé des milliers de vies en permettant de stopper la réplication du virus dans l’organisme. Cependant, leurs effets indésirables étaient plus importants. Depuis, la recherche n’a cessé de rendre ces traitements beaucoup plus simples et mieux tolérés, et les travaux se poursuivent en ce sens. Prenons par exemple les régimes à comprimé unique (RCU) qui facilitent nettement la vie des PVVIH qui peuvent en bénéficier. 

L’allègement thérapeutique : les avis sont partagés

Bien que tous les chercheurs s’entendent pour viser l’allègement thérapeutique, plusieurs sont prudents et préfèrent attendre la preuve des essais en cours avant de se prononcer. Certains sont d’avis que comme les ARV n’induisent pas de surrisque de comorbidité (c’est-à-dire qu’ils ne seraient pas la cause du développement d’autres maladies qui s’ajouteraient au VIH), mieux vaut s’en tenir à ce qui fonctionne et ne pas risquer de voir la charge virale redevenir détectable en modifiant le traitement. 

D’autres spécialistes et chercheurs misent plutôt sur une approche du « juste ce qu’il faut », en vue de réduire le poids des médicaments sur l’organisme. Adoptée entre autres par le Pr Katlama, infectiologue au Service des Maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Pitié-Salpêtrière à Paris, cette approche préconise un « traitement différencié » du VIH selon chacun des patients, comme dans le cas d’autres maladies, par exemple le cancer.  

Différentes stratégies

Plusieurs options sont actuellement étudiées : la prise intermittente du traitement (la réduction des prises hebdomadaires), la réduction du dosage des molécules de la trithérapie, la bithérapie, ou même la monothérapie. 

Non à l’« allègement sauvage »

Chose certaine, une telle approche individualisée nécessite l’intervention et le suivi des médecins. « L’allègement sauvage » (qui désigne la situation où les PVVIH gèrent eux-mêmes sans consultation leur prise de médicament) comporte des risques graves, par exemple celui de se retrouver au point zéro, avec une charge virale détectable, et qui augmente. Les stratégies d’allègement exigent entre autres de vérifier chez les candidats l’historique de résistance virologique, et un suivi plus étroit de la charge virale.   

Les avantages de l’allègement thérapeutique

On parle évidemment de bien-être et de qualité de vie. Mais la notion du coût des médicaments n’est pas négligeable, de même que celle de l’observance des traitements. Nous savons que plus les traitements sont simples, meilleure est l’observance thérapeutique, gage du succès du contrôle du VIH.

les conseils du pharmacien

Une enquête de 2014 a révélé que l’allègement des traitements par les patients sans consultation de leur professionnel de la santé est déjà une pratique répandue, malgré les dangers qui en découlent. Si les ARV rendent le virus indétectable, ils ne l’éradiquent pas. On sait que l’arrêt du traitement voit la charge virale augmenter et redevenir détectable en quelques jours, et toute modification de traitement peut causer une situation équivalente. Il ne faut en aucun cas modifier son traitement sans surveillance médicale, même ponctuellement.

Les PVVIH démontrent naturellement un vif intérêt pour l’allègement thérapeutique, mais prudence et patience sont de mise. Des nombreux essais en cours, les nouvelles sont bonnes. Par exemple, les résultats d’une étude réalisée par l’ANRS sur le traitement « 4 jours sur 7 », présentés lors de la 21e Conférence internationale sur le SIDA 2016 qui se tenait à Durban en Afrique du Sud, sont excellents. Une étude de plus grande envergure reprendra l’essai d’ici la fin de 2016. Ça augure bien.  

liens utiles

Le VIH/sida, de 1981 à aujourd’hui (ang.)
Thirty Years of HIV/AIDS: Snapshots of an Epidemic — amfAR

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