le résumé
Il arrive qu’on ait l’impression de manquer d’énergie, en hiver. Certains vont même jusqu’à parler du « blues du solstice d’hiver », dont les principales causes seraient le manque de luminosité et la carence en vitamine D. Pour y échapper, les uns préconisent la luminothérapie, les autres l’exercice physique. La marche en plein air, de plus en plus considérée comme un sport en soi, combine les deux, pourquoi ne pas en profiter? Allons jouer dehors!
les détails
Au-delà de notre intuition qui nous répète qu’il faudrait bien qu’on sorte prendre l’air, il y a la recherche, dont les conclusions sont claires : notre bien-être cognitif, physique et émotif est grandement favorisé par le temps que nous passons dehors.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Pour l’éminent chercheur David Suzuki, il n’y a aucun doute que pour vivre mieux, plus sainement et avec un meilleur équilibre, il faut ajouter une dose quotidienne de nature à notre routine. Or, de nos jours, 80 % des Canadiens vivent en ville et sont privés d’un contact avec la nature.
Des effets bénéfiques sur le sommeil, le stress, le système immunitaire…
Selon M. Suzuki, une simple promenade dans le jardin, au parc, en pleine forêt ou dans un petit boisé, ou encore sur une plage autour d’un lac ou devant la mer, a un impact immédiat sur la santé, notamment celui de faire baisser la pression artérielle, l’anxiété et le stress, d’améliorer le sommeil, d’augmenter le niveau d’énergie, de renforcer le système immunitaire et de lutter contre la fatigue et la dépression.
Certains médecins vont jusqu’à prescrire des promenades en plein air à leurs patients comme partie intégrante d’une stratégie de traitement des troubles de l’humeur et de l’attention, entre autres problématiques de santé.
Des études citées dans un rapport préparé en 2014 par le gouvernement du Canada (Rapprocher la population canadienne de la nature – Un investissement dans le bien-être de notre société) abondent dans le même sens : les contacts avec la nature favorisent la guérison, accélèrent le rétablissement après une chirurgie, réduisent le nombre des médicaments prescrits, réduisent la tension artérielle, et renforcent le système immunitaire.
… et contre le cancer ?
Au Japon, une étude publiée en 2010 a conclu qu’un séjour de trois jours en forêt (les Japonais parlent de « shinrin-yoku » qui signifie « bain de forêt ») fait en sorte que les protéines anticancéreuses naturellement présentes dans l’organisme augmentent, de même que l’activité cellulaire liée à la réduction des tumeurs. Et selon ces chercheurs, ces protéines sont restées efficaces pendant 30 jours après le « bain de forêt ».
Maladies cardiovasculaires : cherchons le vert !
Dans cet article du magazine Châtelaine, le Dr François Reeves, cardiologue d’intervention à Montréal, déclarait : « la possibilité de subir une crise cardiaque ou un AVC peut être multipliée par 10 quand on habite un endroit où le béton a chassé le vert ». Le même article relatait une étude britannique selon laquelle le fait de vivre dans un secteur « vert », avec ou sans activité physique, réduit les risques de mortalité prématurée de 6 %.
Pour lutter contre « notre petit hamster qui tourne et tourne… »
Nous en avons tous fait l’expérience; ce mal contemporain porte un nom, celui de « rumination mentale » : on ressasse et ressasse sans arrêt nos problèmes dans notre tête. Chez nous, on parle du « petit hamster » qui tourne.Une étude de chercheurs de l’Université Stanford en Californie publiée en 2015 a révélé qu’une marche de 90 minutes dans un environnement naturel avait pour effet de réduire les risques de rumination, ainsi que l’activité neurologique dans la partie du cerveau liée à la maladie mentale.
Être dans la nature aurait donc un impact sur la régulation de nos émotions, ce qui expliquerait pourquoi on se sent mieux après un bain de grand air. Les auteurs de cette étude vont jusqu’à émettre l’hypothèse d’un lien entre la croissance de l’urbanisation et celle des maladies mentales.
… et le trop-plein d’informations
Selon certains, habiter en ville augmente le risque de développer des troubles de l’anxiété de 20 %, et celui d’être atteint de troubles de l’humeur de 40 %.
Entre autres parce que la vie urbaine nous soumet à des alarmes incessantes, comme si un réveille-matin se déclenchait dans notre cerveau toutes les 30 secondes, qui exigent que nous filtrions l’information, que nous prenions des décisions, que nous contournions les distractions, etc.
Pour contrer cette surstimulation, le fait d’être dans la nature permettrait à notre cortex préfrontal, centre de contrôle de notre cerveau, de simplement se reposer.
les conseils du pharmacien
Si possible, éloignez-vous de la ville, ne serait-ce que quelques heures (pourquoi pas un shinrin-yoku, comme nos amis les Japonais ?). Mais même en ville, on peut profiter du grand air ! Troquez votre tapis roulant pour les sentiers d’un parc, le bord d’un canal ou d’une rivière, sur votre heure de lunch ou quand les voitures sont endormies.
Une étude a démontré récemment qu’une marche de 15 minutes équivaut à 5 minutes de course à pied. La marche devient de plus en plus populaire, été comme hiver, en raison de ses bienfaits, mieux connus (ou revalorisés), de son accessibilité, et de… sa facilité d’exécution ! Les effets bénéfiques sont immédiats, physiques et psychologiques.
liens utiles
Connecter les Canadiens à la nature – Un investissement dans le bien-être de notre société
Gouvernement du Canada
La marche nordique
Université de Sherbrooke
Pourquoi le grand air nous fait du bien?
LCI
Why a walk in the woods really does help your body and your soul
theconversation.com