le résumé
Avant que la pénicilline ne soit disponible à grande échelle, une simple petite blessure infectée ou maladie infectieuse courante pouvaient s’avérer mortelles. On doit au Britannique Alexandre Fleming la découverte de cette puissante substance bactéricide, en 1928, qui lui valut le prix Nobel de la médecine en 1945.
les détails
Alexandre Fleming s’est intéressé, dès sa sortie de la faculté de médecine de la University of London, à la lutte contre les bactéries. Capitaine dans les forces armées britanniques pendant la Première Guerre mondiale, constatant l’impuissance de la médecine devant tant de décès attribués à des infections banales, son intérêt se transforme en passion. À la fin du conflit, il reprend activement ses recherches en bactériologie, à l’hôpital St Mary’s de Londres.
Tout a commencé par… un simple rhume
On raconte qu’en 1921, le chercheur enrhumé contamine involontairement, avec ses propres sécrétions nasales et lacrymales, les bactéries sur lesquelles portent ses recherches. Observant les modifications des bactéries, il identifie un enzyme antibactérien, le lysozyme. Celui-ci s’avère peu efficace, mais cette découverte amène Fleming à se concentrer sur l’organisation du système de défense du corps humain contre les bactéries. Il s’intéresse alors aux staphylocoques, ces bactéries particulièrement tenaces.
Une découverte fortuite
Plusieurs années plus tard, il part en vacances, et — par chance — oublie de nettoyer les boîtes de Petri — les récipients cylindriques utilisés pour la culture des bactéries. À son retour, il remarque que de la moisissure a envahi l’une des boîtes, ce qui se produit assez régulièrement. Toutefois, il découvre avec stupéfaction qu’au contact de la moisissure, les staphylocoques ont été détruits. Ce phénomène s’apparente à celui qu’il avait observé quelques années plus tôt avec le lysozyme, mais cette fois, l’effet se produit sur des bactéries pathogènes.
La moisissure provenait d’un laboratoire de mycologie à proximité, dont s’étaient échappées des spores de penicillium notatum. Après plusieurs essais, il conclut que ce champignon peut agir contre plusieurs bactéries, dont les staphylocoques, et les bactéries responsables de la scarlatine, de la pneumonie, de la méningite et de la diphtérie.
Recherches interrompues et reprise du flambeau
Ne disposant pas des connaissances lui permettant d’extraire du champignon l’ingrédient actif qui provoque la moisissure, Alexandre Fleming se désintéresse du sujet et reprend ses recherches dans le domaine des vaccins.
D’autres chercheurs, Howard Florey et Ernst Chain — avec qui Alexandre Fleming partagera son prix Nobel —, prennent la relève et réussissent à isoler suffisamment de substance active pour amorcer des essais thérapeutiques sur des humains. Un premier cas donne des résultats positifs, mais le sujet meurt en raison de la quantité insuffisante de pénicilline.
En 1941, Howard Florey et Norman Heatley se rendent à Peoria aux États-Unis en vue trouver un moyen pour produire la pénicilline à grande échelle. De nombreuses techniques de fermentation sont mises à l’essai, mais les chercheurs réalisent qu’ils ont besoin d’une souche de pénicilline plus performante.
Une secrétaire du laboratoire, Mary Hunt, rapporte un jour au bureau un melon, sur lequel se trouve de la moisissure. Le champignon identifié est le penicillium chrysogenum, et cette souche s’avère beaucoup plus féconde : elle a la faculté de produire 200 fois plus de pénicilline que le penicillium notatum.
Production industrielle
C’est ce qui marque le début de la production industrielle de la pénicilline. D’abord réservé aux soldats, ce puissant remède est vite rendu disponible pour la population générale et sauve des millions de personnes. Depuis, les antibiotiques auraient rallongé l’espérance de vie de 10 ans.
Une découverte ou une… « re » découverte ?
Il semble que dans l’Antiquité, les Égyptiens se servaient déjà de la moisissure à titre thérapeutique, appliquant par exemple des tranches de pain moisi sur des blessures infectées. Par ailleurs, un anthropologue s’est intéressé aux habitants du royaume de Nubie, qui vivaient il y a 2000 ans : ne trouvant pas de traces des maladies infectieuses que l’on voyait habituellement chez les autres populations sédentaires de la région, il pousse ses recherches plus loin, découvrant que les Nubiens avaient élaboré une bière contenant de la tétracycline, une molécule antibiotique.
Nous avons de la chance…
Avant l’avènement des antibiotiques modernes, il n’existait pas de traitement efficace contre la pneumonie ou autres maladies infectieuses. Les cas de septicémie résultant de petites coupures ou d’éraflures étaient nombreux, et les médecins, impuissants.
Si Alexandre Fleming vivait encore aujourd’hui, il serait certainement inquiet en raison de l’émergence d’une nouvelle préoccupation : l’antibiorésistance. Selon l’Organisation mondiale de la santé, si l’évolution bactérienne vers la résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel, l’usage excessif et abusif des antibiotiques chez l’homme et les animaux en accélère le processus, et il serait urgent développer de nouveaux antibiotiques. L’OMS publiait récemment une liste de 12 « superbactéries » qui présentent une résistance aux traitements actuels.
le clin d’œil du pharmacien
Surutiliser ou mal utiliser des antibiotiques — sans prescription personnelle, par exemple — peut nuire à la santé, notamment en favorisant le développant d’une résistance à ceux-ci. Seuls les professionnels de santé qualifiés peuvent prescrire des antibiotiques. Ils savent quand et comment les prescrire. Bien que les antibiotiques aient révolutionné au mieux la médecine, la prévention demeure le meilleur moyen de préserver une bonne santé.
Quelques conseils de l’OMS :
On peut prévenir les infections en adoptant des règles d’hygiène pour la préparation de la nourriture, en évitant les contacts proches avec des malades, en ayant des rapports sexuels à moindre risque et en tenant à jour notre vaccination.
liens utiles
Résistance aux antibiotiques
OMS
Antibiorésistance, une réelle menace
Vidéo produite par MSF Norvège
The discovery and development of Penicillin 1928–1945
Brochure commémorative préparée par le Alexandre Fleming Laboratory Museum de Londres, en Grande-Bretagne