le résumé
Le fait de ne pas suivre à la lettre un traitement prescrit peut avoir de graves conséquences : inefficacité des médicaments, aggravation de la maladie, hospitalisation, parfois même le décès. C’est encore plus vrai s’il s’agit d’une maladie chronique, comme le diabète, l’hypertension ou le VIH. Certaines études se sont penchées sur ce problème, pour tenter de cerner les raisons pour lesquelles les gens ne suivent pas leur traitement selon les indications du médecin.
les détails
Un grave problème de santé publique
En France, une récente étude a révélé qu’environ 48 % des Français ne suivent pas adéquatement leur traitement médical, ce à quoi sont attribués chaque année 8000 décès et 13 000 hospitalisations. Aux États-Unis, les coûts de la non-observance s’élèveraient à plus de 100 milliards de dollars, et ce, dans le seul domaine cardiovasculaire.
Il y a bien sûr une grande différence entre le fait de devoir suivre un traitement de manière ponctuelle, et l’obligation de devoir suivre un traitement pour le reste de sa vie. Mais dans les deux cas, il est important de suivre ce que contient l’ordonnance du médecin.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que l’observance thérapeutique insuffisante est la raison principale pour laquelle les patients ne bénéficient pas de tous les effets qu’ils pourraient retirer de leurs médicaments, et qu’elle entraîne des conséquences sur le plan psychosocial et médical, notamment en diminuant la qualité de la vie et en augmentant la probabilité du développement de pharmacorésistances.
Pourquoi ne suit-on pas le traitement ?
Parmi les raisons invoquées pour ne pas suivre leurs traitements, un grand nombre des patients interrogés ont expliqué qu’ils n’aimaient pas prendre des médicaments, que ceux-ci ne sont pas adaptés à leur rythme de vie ou qu’ils ne savent pas vraiment à quoi ils servent. D’autres ont également révélé qu’ils « adaptent » eux-mêmes leurs traitements ou qu’ils n’ont pas confiance aux médicaments.
L’importante de l’éducation thérapeutique
Une autre étude portant sur la non-observance des traitements — celle-ci menée par une spécialiste de l’éducation thérapeutique, Catherine Tourette-Turgis — s’est intéressée à 1473 patients atteints de différentes maladies. 44 % ont répondu qu’ils oubliaient à l’occasion de prendre leurs médicaments, 18 % qu’ils omettaient volontairement de le faire, et 29 % qu’ils adaptaient leur traitement, modifiant la posologie prescrite par le médecin.
La non-observance thérapeutique peut aussi témoigner d’un certain malaise des patients par rapport à leur maladie. Ils oublient (ou veulent oublier) qu’ils sont malades. Évidemment, se faire dire qu’on est malade et qu’on va devoir suivre un traitement pour le reste de notre vie n’est pas agréable. Les traitements peuvent être difficiles, nécessiter une période d’adaptation ou entraîner certains effets indésirables et ainsi faire en sorte que les patients songent à leur maladie en tout temps. Le fait d’oublier ses médicaments est une sorte de déni, et une (fausse) impression de reprendre le contrôle des choses.
Mme Catherine Tourette-Turgis ramène cette problématique à la réalité de chaque patient. Les uns détestent carrément leurs médicaments, les autres invoquent une lassitude face à la prise infinie de leurs médicaments (souvent multiples). Et il y a évidemment les effets secondaires qui peuvent parfois empêcher l’exercice d’activités quotidiennes. Selon la chercheure, la solution réside dans un meilleur dialogue entre les patients et les professionnels de la santé. Il semble que l’accès à l’information concernant les médicaments ait un effet bénéfique sur l’observance.
Attention : il faut toutefois prendre garde aux informations sur Internet, qui peuvent être non fondées ou simplement erronées, et comme on le sait, l’autodiagnostic et l’automédication peuvent présenter un danger pour la santé.
Poser des questions au sujet des médicaments
Les professionnels de la santé tiennent un rôle crucial à cet égard. Ils doivent donner le maximum d’explications au sujet des médicaments, de leurs bienfaits, de leurs possibles effets indésirables. Et les patients doivent prendre l’habitude de poser des questions : il en va de leur propre santé.
VIH et non-observance : le retour du virus
Dans le cas du VIH, l’observance du traitement est particulièrement importante, car les médicaments du traitement doivent être présents en tout temps dans le système sanguin pour empêcher la réplication du virus. La non-observance du traitement peut entraîner l’augmentation de la charge virale et la diminution du taux de CD4 dans le sang. Et comme on sait, l’interruption des traitements est suivie sans délai de la remontée de la charge virale. Des études précisent qu’il faut une adhésion de 95 % pour assurer l’efficacité des traitements.
L’oubli de prendre un médicament antirétroviral ouvre la porte à une plus forte réplication du virus, et fournit un terrain propice aux mutations et à la résistance. Cela peut s’avérer problématique, limitant les choix de régimes de médicaments.
VIH : un nouvel outil tenant compte de la perspective du patient
C’est une réalité : malgré la haute efficacité virologique des traitements antirétroviraux, on constate encore un certain nombre d’échecs de ceux-ci, principalement en raison de la non-observance des patients. Des chercheurs se sont penchés sur cette problématique, dans le cadre de l’Étude I-Score. Selon ceux-ci, l’évaluation de l’adhérence à une thérapie antirétrovirale ne se limite pas aux données médicales, mais doit également prendre en compte les « données-patients », c’est-à-dire la perspective du patient. Ils travaillent à l’élaboration d’un outil qui pourrait permettre la détection à temps des risques de non-observance, qui diffèrent d’un patient à l’autre.
les conseils du pharmacien
Votre pharmacien est à votre disposition pour répondre à toutes vos questions concernant les médicaments qui vous sont prescrits. N’hésitez pas à le consulter si vous souhaitez comprendre leur effet, si vous ressentez des effets indésirables ou si vous avez des doutes quant aux bienfaits de ces médicaments.
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